« La chance est une compétence…
… et une compétence qui se travaille ! » Dixit Philippe Gabilliet, professeur de Leadership à ESCP Europe. En d’autres termes, ceux qui ont de la chance ont fait le choix d’en avoir, contrairement aux malchanceux, qui n’aurait pas fait les efforts nécessaires pour en avoir. Voilà un sujet bien ambitieux !
Nous avons tous entendu que la chance se « provoquait », mais jamais personne ne s’est véritablement penché sur la question. Beaucoup de ceux qui n’ont pas eu de chance dans leur vie professionnelle ou sociale, considèrent que le manque de chance est lié au hasard, voire au destin. La roue n’aurait pas tourné dans le sens qu’ils voulaient. Attardons-nous sur cette notion de « destin », terme a priori à consonance religieuse.
Le destin désigne, au moment présent, l’histoire future d’un être humain ou d’une société telle qu’elle est prédéfinie par une instance qui est soit considérée comme supérieure aux hommes (éventuellement divine) dans les conceptions finalistes du Monde, soit comme immanente à l’univers (éventuellement la Philosophie de l’histoire ou la nature) dans les conceptions déterministes. Tout serait donc écrit. Cela peut se concevoir, voire se respecter que l’on soit croyant ou pas, mais se pose légitimement la question de savoir si ceux qui mettent leur manque de chance sur le compte du destin ont déjà envisagé l’idée que de la même manière que le destin puissent régir leurs vie, leur destinée elle, demeure entre leurs mains…
La destinée, parlons-en tiens ! Larousse la définit comme étant une « vie humaine considérée sur le plan individuel comme un ensemble de circonstances heureuses ou malheureuses et envisagée dans une issue indépendante de la volonté »… cette définition est beaucoup moins tranchée que celle du destin. Elle serait « envisagée » par certains d’entre nous comme « indépendante de notre volonté ».
Ainsi le chômeur de longue durée qui passe ses journées à envoyer des candidatures spontanées en période de crise, et qui n’a aucune réponse, croira légitimement, qu’il n’a pas de chance. Or il ne lui est pas venu à l’esprit que nous ne sommes plus dans les « 30 glorieuses » et que cette méthode est désormais révolue, que le marché du travail fait qu’il est important de privilégier désormais le « Networking » et la cooptation à l’envoi de candidature spontanées…
La chance est une compétence, et une compétence qui se travaille. Elle requiert de la part des personnes concernées une véritable remise en cause. La personne d’origine étrangère pourra certes se plaindre de ne pas trouver du travail et de considérer que ses origines lui portent préjudice, mais elle se doit malgré tout de continuer à voir son verre à moitié plein… Est-elle vraiment la seule personne discriminée ? Les femmes ne sont-elles pas moins payées que les hommes ? Les handicapés ne souffrent-ils pas d’un accès difficile au monde du travail ? Est-il au final plus discriminé qu’une personne handicapée ? Pas certain… Le monde parfait n’existe pas.
Cette personne a dès lors deux options: soit elle se morfond sur son sort jusqu’à réaliser que ses origines lui colleront à la peau jusqu’à son dernier jour, et il y a de fortes chances que ce ressentiment ou sentiment de persécution se ressentent d’ailleurs dans les rares entretiens qu’il/elle pourra décrocher. Soit elle voit le verre à moitié plein et réalise qu’il/elle a peut-être la possibilité de convaincre et de renverser la tendance à travers son état d’esprit, son attitude, son comportement…Bref se dire qu’il ou elle est exceptionnelle et qu’il/elle n’a simplement pas réussi à le démontrer.
Philippe Gabilliet a dit à ce sujet qu’il y avait des « territoires de la chance »… Postuler à travers Internet n’est pas un territoire de la chance ». Rencontrer les gens là où ils vont et oser leur dire qu’on mérite notre chance, l’est. Combien de gens se sont plaints de n’avoir jamais évolué dans un poste sans pour autant en avoir fait la demande. Rien n’arrive comme sur un plateau. Il faut se valoriser soi-même. Si on n’est pas capable de se valoriser soi-même comment diable pouvons-nous espérer que les autres nous valorisent ? C’est illusoire…
La vie en général est assez compliquée comme ça pour que nous fassions de nous-même un ennemi interne.
L’étape # 1 commence par se donner de l’importance. Pas une importance démesurée, mais une importance conforme à ce que nous valons vraiment. La personne avec qui nous vivons le plus est nous-même, autant prendre soin de soi. La confiance en soi se décrète, il est utopique de l’attendre. Alors décidons enfin de reconnaitre notre véritable valeur !
L’étape # 2 consiste ensuite à sortir de sa zone de confort. Se « contenter » simplement de fonder une famille, de faire des enfants, ne fera pas de vous une personne heureuse, se contenter d’être reconnue et appréciée des autres, ne fera pas de vous une personne heureuse.., et ainsi de suite…Sortir de sa zone de confort pour se diriger vers la zone de changement c’est prendre le risque d’essayer des choses nouvelles. Faire du Networking quand on est introverti, c’est sortir de sa zone de confort. S’il n’a jamais été prouvé que quitter sa zone de confort était un gage de réussite dans sa vie, il a été prouvée que tous ceux qui ont réussi ont un jour dans leur vie ont un jour quitté leur zone de confort !
L’étape # 3, la dernière; consiste à fréquenter des « territoires de la chance », ces territoires ne concernent pas forcément des lieux. Cela peut très bien se passer dans notre propre environnement. Fréquenter des personnes négatives, pessimistes, qui ont tendance à nous tirer vers le bas sont des personnes issues des « territoires de la malchance ». Faisons le tri dans notre répertoire téléphonique et supprimons les numéros de ceux qui ne veulent pas notre bien. Evitons ces « oiseaux de mauvaise augure ». Et aussi, rendons-nous service en ne nous intéressant plus à eux, à ce qu’ils sont devenus,etc… Ils ne nous voulaient pas du bien, en quoi ces personnes mériteraient-elles notre intérêt ? Les territoires de la chance concernent les endroits où nous pouvons fréquenter les gens faisant partie de la même « famille d’esprit » ces personnes qui considèrent l’intention de l’autre comme étant toujours positive même de façon naïve.
Pour conclure, je dirais que nous avons une légitimité de nous plaindre, mais que nous sommes véritablement « autorisés » à le faire que si vraiment nous nous sommes mis toutes les chances de notre côté. Il y a ceux qui n’osent pas et qui ne sauront jamais ce qu’ils auraient pu obtenir s’ils avaient osé, et ceux qui ont osé et ne seront jamais nourris de regrets. Oser c’est se donner les moyens de réussir ! Alors osons !
A bientôt pour de nouveaux articles !
Skander Dahane, fondateur de SD Consulting, Lyon le 22 janvier 2014.